Réécrire le destin d’un appartement haussmannien de 220m2 à Paris, c’est jouer avec l’héritage et la modernité. Camille Hermand a redistribué les cartes avec des tracés nets et des couleurs audacieuses.

Douceur. Les moelleux canapés Caravane et le doux tapis appellent au confort. Suspension Palanquin de Céline Wright.
Mais qu’est-ce qu’un Haussmannien, sinon un ballet d’espaces en enfilade, un vestibule majestueux ouvrant sur un long couloir, un canevas architectural rythmant les passages entre pièces de vie et alcôves privées ? Ses ornements – moulures ciselées, parquets en point de Hongrie, cheminées de marbre, soubassements sculptés – charment et impressionnent. Pourtant, l’envie naît d’y insuffler un souffle plus léger. Par un jeu subtil de restructuration, l’architecte d’intérieur Camille Hermand a brisé le carcan des cloisons et revu la disposition des lieux. La cuisine, jadis en retrait, s’est avancée vers la lumière, troquant sa place avec une chambre pour mieux dialoguer avec la salle à manger. Une baie vitrée en découpe graphique l’ouvre sur une scène théâtrale, où le panorama mural prolonge la perspective vers les rives exotiques du Mékong.
La transparence comme une évidence
Dans le salon, le mobilier contemporain se fait discret, laissant le faste des décors s’exprimer : un miroir doré finement ouvragé capte les reflets changeants du jour, tandis que des canapés généreux et un tapis moelleux invitent à la contemplation et au confort. Dans les chambres, la transparence s’impose comme un fil conducteur. Décloisonnées, elles conversent désormais avec leur salle de bains dans un échange d’échos et de géométries. Les menuiseries s’inscrivent dans cette même dynamique de lignes nettes et anguleuses, tandis qu’une palette contrastée compose une élégante partition aux notes noires et blanches..
Un heureux vestibule bleu
L’entrée et le couloir, parfois négligés, deviennent ici un tableau vivant : un spectaculaire papier peint y déploie une forêt luxuriante, venant troubler la sagesse des soubassements immaculés. Le vestibule s’égaye d’un bleu radieux, accompagné d’un tapis où folâtrent des formes ludiques, comme des éclats de joie dispersés sous les pas. En soulignant son patrimoine, en insufflant lumière et fluidité, cette transformation n’a pas seulement modernisé l’appartement, elle réécrit son présent. Une respiration nouvelle s’invite sous les moulures haussmanniennes, fait vibrer ses précieux détails, murmure les premiers mots d’une histoire à écrire.

Contraste. Issu de la palette Farrow&Ball, le vert sombre des menuiseries tranche magnifiquement avec le blanc pur des murs.

Vibrant. L’architecte d’intérieur Camille Hermand a décloisonné l’appartement, conférant à l’architecture un nouvel éclat.
Ludique. Dans cette chambre, un mur d’escalade pour les enfants et un mobilier bleu d’encre pour la touche contemporaine.


Accueillant. Un joyeux vestibule bleu avec, au sol, un tapis au ton terracotta et motifs graphiques. Suspensions Drio chez Caravane.

Connexion. Autrefois chambre à coucher, la cuisine est désormais connectée à la salle à manger grâce à une baie vitrée. Chaises Sillage CFOC.

Tropiques. Dans le couloir, le papier peint Guatemala Bronze de Missprint met en valeur les soubassements d’époque. Charme. Superbe parquet point de Hongrie dans cette chambre d’enfant. Suspension Cango naturel de Good&Mojo studio. Transparence. Les chambres décloisonnées communiquent avec leur salle de bains via des baies vitrées et des lignes géométriques.

Géométrie. Les lignes, les découpes anguleuses, la profondeur du bleu nuit accentuent le relief et sculptent l’espace avec élégance.
Photos Sophie Lloyd
Auteur : Claire Pélissier
Date de publication : 18 avril 2025
Date de la dernière mise à jour : 7 avril 2025