Il y a cent ans un 10 avril naissait Antti Lovag, illustre habitologue hongrois, pionnier des Maisons Bulles et adepte de l’architecture organique. L’occasion de revenir sur le travail de ce créateur hors-norme.
Habitats en forme de dômes avec de larges hublots qui ressemblent à des yeux globuleux vus du ciel. Non, nous ne sommes pas sur Tatooine ni dans le village des Hobbits mais dans les Alpes-Maritimes. Le célèbre habitologue hongrois, comme il se définissait, a lancé l’anathème contre les angles droits avec ses légendaires maisons bulles qui défient l’imagination. Une approche futuriste, organique, sphérique, inspirée des formes de la nature et du corps féminin. Antti Lovag (1920-2014) était un antilinéaire, explorant le champ des possibles via des habitations géométriques, cylindriques et modulaires, jusqu’au mobilier incurvé sur-mesure. Après avoir fait ses armes dans les années 50 auprès de notables, comme Jean Prouvé, il conçoit ses premières rondeurs à la fin des années 60 sur la Côte d’Azur, notamment aux côtés de Jacques Couëlle, partisan de l’architecture-sculpture. Antti Lovag a toujours revendiqué que « l’homme et l’espace humain » l’intéressaient bien plus que l’architecture. Ce sera chose faite.
L’homme en osmose avec la nature
Au mitant des années 70, il explore le concept d’habitats alternatifs évolutifs, en s’associant entre autres avec Pascal Haüsermann, instigateur du village des Barbapapa, pour des logements en autoconstruction, plus économiques. Dans ce style évoquant les structures troglodytes, Antti Lovag favorise les techniques de ferraillage, de treillis soudés, de ciment armé de fibres. Parmi ses chefs-d’oeuvre, la Maison Gaudet, réalisée sans permis de construire et inscrite aux monuments historiques depuis 1998, la Maison Bernard, la Maison Roux, et bien sûr le Palais Bulles, acquis en 1992 par le couturier Pierre Cardin qui en fait « une folie architecturale ». Suspendue entre ciel et mer, cette somptueuse demeure privatisable, classée aux monuments historiques depuis 1999, s’étend sur 1200 m2 habitable. Sa couleur terracotta embrasse les collines et la végétation tout en contrastant avec la Méditerranée. Homme discret, ce fervent défenseur des constructions libérées de toute contrainte a su ainsi imposer son caractère anticonformiste avec des oeuvres qui font fi de l’orthogonalité.
Palais Bulles – Photos Cloe Harent
Maison Roux – Antti Lovag – Villa Fontaines-Sur-Saone
Palais Bulles – Photos Remy Fay
Palais Bulles – Photos Jean-Pascal Hesse
Palais Bulles – Photos Louis-Philippe Breydel
Palais Bulles – Studio Pierre Cardin
Nathalie Dassa
Auteur : Nathalie Dassa
Date de publication : 7 février 2020
Date de la dernière mise à jour : 12 août 2024
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