Le Burkinabé Diébédo Francis Kéré, récipiendaire du prix Pritzker d’architecture, combine ressources locales et techniques innovantes dans des conceptions audacieuses à moindre coût pour répondre au climat subsaharien. Tour d’horizon.
Portrait Francis Kéré – Photo Urban Zintel
« Tout le monde mérite la qualité, tout le monde mérite le luxe et tout le monde mérite le confort. », déclarait Diébédo Francis Kéré lors de la remise du prestigieux Prix Pritzker en mars dernier, rejoignant de grands noms tels que Oscar Niemeyer, Jean Nouvel ou encore Zaha Hadid. Ce premier Africain à recevoir ce « Nobel d’architecture » en fait son credo depuis vingt ans. Le virtuose burkinabé installé à Berlin crée des projets écologiques pérennes et peu coûteux qui repensent les espaces à habiter sur le continent noir. Sa réflexion se concentre sur les solutions climatiques, les systèmes de toitures pour faciliter la ventilation naturelle, le confort thermique et les protections contre les canicules et les fortes pluies. Mais aussi sur la « canopée », dans son principe d’ombrage et de filtrage de la lumière. Celui qui connaît parfaitement les besoins de son pays veille à toujours explorer de nouvelles voies dans l’utilisation des matériaux vernaculaires.
Entre tradition et modernité
Ce diplômé de l’université technique de Berlin déploie ainsi ses projets via Kéré Architecture. À commencer par l’école primaire de Gando, au sein de son village natal, faite de briques de terre crue et de ciment pour des murs solides. Au Burkina Faso, on lui doit aussi le lycée Schorge de Koudougou, vu comme un village traditionnel, composé de modules rectangulaires, disposés en cercle, qui entourent une cour. Ou encore le centre de santé Léo en briques de terre et en béton pour protéger des chaleurs caniculaires. À Bamako, il crée le Pavillon en pierre du parc national pour le 50e anniversaire de l’indépendance du Mali. Et au Kenya, il imagine la Startup Lions Campus dont les murs en argile maintiennent la fraîcheur à l’intérieur. Ces cinq projets majeurs font de Francis Kéré une véritable source d’inspiration. Et l’aspect temporaire n’est pas en reste. À l’image du pavillon de la Serpentine Gallery à Londres, rappelant les manguiers du Sahel, et de l’installation Sarbalé Ke, inspirée du baobab, pour le Festival Coachella. Un champ d’action pluriel donc, avec au cœur le partage des connaissances et l’engagement communautaire.
École primaire de Gando, Burkina Faso, Kéré Architecture, Photo 1 Siméon Duchoud – Photo 2 Jan Ouwerkerk
Lycée Schorge de Koudougou, Burkina Faso, Kéré Architecture, Photo Iwan Baan- Cour du Lycée Schorge de Koudougou, Burkina Faso, Kéré Architecture, Photo Andrea Maretto
Clinique chirurgicale et Centre de Santé Léo, Burkina Faso, Kéré Architecture, Photo Andrea Maretto
Pavillon du Parc national du Mali, Bamako, Kéré Architecture, Photo Iwan Baan
Startup Lions Campus, Turkana, Kenya, Kéré Architecture, Photo Kinan Deeb
Pavillon de la Serpentine Gallery, Londres, Kéré Architecture, Photo Iwan Baan & Jim Stephenson
Sarbalé Ke, Festival de musique et d’arts de la vallée de Coachella, Kéré Architecture, Photo Iwan Baan
Auteur : Nathalie Dassa
Date de publication : 30 mai 2022
Date de la dernière mise à jour : 23 octobre 2023