L’éditeur danois célèbre la designer italienne emblématique à travers la collection Bohemian 72, qui fleure bon l’esthétique hippie chic des années 1970.
Canapé, fauteuil lounge, pouf, lampadaire… Toute la beauté du rotin resplendit dans cet ensemble de pièces que Gabriella Crespi (1922-2017) a dessiné au printemps 1972 depuis la terrasse de sa maison à Milan pour des clients privés. Aujourd’hui, cette collection est accessible pour la première fois au grand public, grâce à sa fille, Elisabetta Crespi, en charge des Archives Gabriella Crespi, et à la marque Gubi, spécialisée dans les rééditions. Bohemian 72 honore ainsi superbement le centième anniversaire de la naissance de cette icône du design italien. Mais aussi les cinquante ans de ce mobilier raffiné, reflet de sa vision bohème et de sa passion du voyage. Amoureuse de Le Corbusier et de Frank Lloyd Wright, Gabriella Crespi a toujours revendiqué son esprit libre, faisant le choix très tôt d’étudier l’architecture à l’École polytechnique de Milan. Sa carrière atteint son apogée dans les années 1960-1970 grâce à son esthétique hippie chic, qui a su séduire Valentino, Hubert de Givenchy, Audrey Hepburn, Grace Kelly, la Maison Dior, et ne cesse encore d’inspirer les créateurs.
Élégance intemporelle
Pas étonnant donc qu’elle revienne sur le devant de la scène design. Depuis sa mort en 2017, à l’âge de 95 ans, elle a laissé un catalogue de plus de deux mille pièces mémorables (mobilier, bijoux, sculptures), qui allient formes épurées, courbes sensuelles et fonctionnalité moderniste avec un zeste de baroque. Recréer aujourd’hui ses conceptions en rotin relève cependant de la gageure. Les cannes rigides doivent être cuites à la vapeur puis pliées à la main avant d’être patinées et recouvertes d’un vernis spécial et brillant. Bohemian 72 résume in fine tout le style Crespi et l’essence même de son œuvre : des meubles nomades qui unissent l’intérieur et l’extérieur, la ville et la campagne, la mer et la montagne. « Je voulais créer ma maison du soleil », avait-elle déclaré à l’époque « Je n’ai pas pu m’empêcher de le faire avec du rotin et du bambou, des matières que j’affectionne et qui associent force et souplesse, chaleur des tons suaves, et la capacité d’être traversées par la lumière. »
Crédits photo : Portrait Gabriella Crespi en 1970 © Les Archives Gabriella Crespi I Bohemian 72 © Gubi x Les Archives Gabriella Crespi
Auteur : Nathalie Dassa
Date de publication : 10 août 2022
Date de la dernière mise à jour : 23 octobre 2023