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Ingo Maurer : le poète de la lumière s’est éteint

En résumé

Né en 1932 dans la splendide île de Reichenau sur le lac de Constance, Ingo Maurer est décédé à Munich le 21 octobre 2019 à l’âge de 87 ans. Le créateur allemand est considéré comme un pionnier dans le design de luminaires et objets lumineux.


À l’orée des années soixante, Ingo Maurer – après avoir suivi une formation de typographe puis de graphisme à Munich – part aux États-Unis pour travailler en tant que graphiste indépendant. Trois ans plus tard, il revient dans la capitale bavaroise. La création de Design M – sa première entreprise – répond au succès généré par Bulb, sa lampe en forme d’ampoule XXL. Il avait d’abord songé à solliciter un grand éditeur puis, réflexion faite, avait préféré garder sa liberté en fondant sa propre société. Depuis, toutes ses lampes sont fabriquées et éditées dans ses ateliers, rebaptisés Ingo Maurer GmbH. Depuis Bulb, l’ampoule restera un des thèmes de prédilection dans son œuvre : pour lui, l’objet représente « la symbiose idéale entre poésie et technologie ». La lumière le fascine car elle suscite des sensations pouvant aller du bien-être au malaise, quand elle est excessive. Poète dans ses expressions comme dans ses créations, il voyait en l’ombre « le souvenir de la lumière ».

Le high-tech accapare l’entrepreneur. Dès les années quatre-vingt, il utilise des lampes halogènes à basse tension et en 2001, il a déjà produit la première lampe de bureau à Led. Ingo Maurer explore la lumière sous tous ses angles à l’aide de moyens techniques les plus pointus. Ses ateliers lui offrent la possibilité de conduire toutes les expérimentations, jusqu’à parfois, frôler la faillite. Mais la prise de risque, à laquelle il aime se frotter, se solde toujours par un succès.

Son processus de création ? « Tout d’abord, l’idée d’un objet se pose dans ma tête – comme un rêve, expliquait-il. Ce n’est que dans l’étape suivante que je recherche avec mon équipe les voies vers la réalisation. Parfois, il faut des décennies avant que les développements techniques rendent notre imagination possible. » Il n’est pas rare qu’Ingo Maurer implique les utilisateurs dès la phase de conception comme ce fut le cas pour « Zettel’z » (1997).  Poétique et littéraire, cette œuvre brandit au bout de ses tiges des pages blanches sur lesquelles chacun a le loisir d’écrire. Cette explosion de papier succède à Porca Miseria (1994), luminaire construit avec des assiettes de porcelaine de Chine cassées. Présenté au Salon de Milan, le lustre évoque ce qu’il estimait être le luisant, la surconsommation de mobilier contemporain. « J’ai besoin de provocation, disait-il. Cela me donne la force d’être créatif. »


Texte : Nathalie Truche
Photos : © Ingo Maurer GmbH, Munich


Auteur : Claire Pélissier

Date de publication : 7 novembre 2019

Date de la dernière mise à jour : 31 octobre 2019


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