Italienne installée en France depuis 18 ans, Ilaria est passée par un parcours d’histoire de l’Art avant de se lancer à corps perdu dans le stylisme d’intérieur. Depuis 2012, elle est l’auteur d’un blog dans lequel elle partage ses coups de cœur déco et design, ses projets, son propre intérieur… Mais ce qu’elle aime par dessus tout, ce sont les univers chaleureux et accueillants faisant la part belle au minimalisme. Du simple, du naturel… De quoi apporter douceur et sobriété à nos vies trépidantes. Bienvenue dans son univers…
Ilaria, raconte-nous brièvement ton parcours? Pourquoi et comment être passée de l’histoire de l’art au stylisme d’intérieur ?
En 2014, lors de notre aménagement en Provence, je laissais derrière moi Paris et une intense vie professionnelle (Directrice d’une Galerie d’Art avant et Responsable d’une Association promouvant la liberté d’expression, après). J’avais envie de changements et toutes les conditions étaient réunies pour revenir à ma passion de toujours. Des formations de courte durée, des masterclass, et beaucoup d’acharnement m’ont permis de commencer à avoir mes premiers projets en 2016 et depuis, j’enchaîne projets de décoration, rénovations et conseil personnalisés à domicile (et je croise les doigts pour que ça continue …) !
Tu es originaire d’Italie, un pays largement réputé côté design. Tes origines se traduisent-elles dans tes choix et influences déco? Et comment tout ça se reflète t-il dans ta maison? (Objets spécifiques, matières, aménagement…?)
Bizarrement, malgré mon attachement à l’Italie et à mes origines, malgré une longue fréquentation des hauts lieux du design dans ma ville d’origine, Milan (notamment le Salone del Mobile), je ne suis pas très « attachée » au design italien. J’apprécie sa fantaisie, ses couleurs, son audace, sa capacité à faire appel à un terrain d’artisans encore largement présents en Italie, mais mes inspirations viennent d’ailleurs. J’aime les lignes pures, les matières nobles et naturelles, j’aime les couleurs … Mais difficile de dire si cela vient de mes origines italiennes. Plutôt que dans le design proprement dit, mon rattachement à l’Italie c’est plutôt dans l’artisanat, dans les objets qui sont arrivés jusqu’à moi grâce à l’héritage de mes grands parents. Je pense notamment aux deux plateaux en osier accrochés dans ma cuisine que ma grande-mère utilisait pour faire sécher les pâtes. Il s’agit d’objets simples et artisanaux, qui ont souvent vécus plusieurs vies et qui parlent un langage aussi riche que populaire.
Quelle pièce préfères-tu chez toi et pour quelles raisons?
J’en ai deux en réalité. Je travaille de la maison, où j’ai aménagé un espace bureau dans la grande pièce de vie. C’est lumineux, grâce à l’exposition plein sud, donnant directement sur le jardin et les terrasses. L’ espace est ouvert sur le reste de l’appartement grâce à la grande verrière en bois … et surtout c’est le lieu où l’on se retrouve tous ensemble. J’y travaille tout en étant au centre de la vie de famille. Assez naturellement, je dirais que c’est l’endroit que je préfère à la maison. Et il y la cuisine. Une pièce que j’ai volontairement laissé épurée et où j’aime me poser pour mon café, mon déjeuner en solitaire. C’est ce que j’aime par dessus ici, c’est le calme et la fraîcheur grâce à une exposition au Nord et au sol en béton ciré.
Quel objet déco peut-on trouver chez toi et nulle par ailleurs ?
J’ai un objet fétiche qui me suit depuis des années : un fauteuil vintage années 50 que j’ai tapissé moi-même avec un tissu jungle. Je l’ai acheté à la sortie d’un entretien de travail qui s’était particulièrement bien déroulé. Je l’avais déjà repéré sur le site d’une brocante à quelques arrêts de métro de là. Et j’ai eu le poste ! Je l’ai gardé pendant trois magnifiques années, passées à sillonner le monde pour promouvoir la liberté d’expression, avant d’aménager à Aix… Comme quoi, on peut avoir plusieurs vies qui s’emboitent parfaitement. Pour revenir au fauteuil… Il est totalement inconfortable, son dossier bouge en donnant l’impression qu’on tombe en arrière, mais je ne m’en débarrasse pas. Trop de (beaux) souvenirs sont liés à cet objet !
Tu aimes les choses sobres, naturelles… Quels seraient tes conseils à nos lecteurs pour « désencombrer » au mieux son intérieur ?
On aurait besoin d’un magazine entier pour répondre à cette question ! Avant tout, il faut sentir le besoin d’épurer son intérieur. C’est long, éprouvant, car on se pose beaucoup de questions en jetant des objets, mais ça ne peut qu’être bénéfique pour soi et son environnement. Pour commencer : privilégier des petites tâches pour garder l’envie de continuer (produits de beauté, de ménage par exemple et le reste suivra). Ensuite : diviser les objets par catégories (vases, manteaux, livres, cds, etc)… De cette façon vous êtes sûr que vous ne gardez que ce que vous aimez de chaque catégorie. Le but n’est pas de jeter, donner ou revendre sans logique, mais de garder uniquement les objets auxquels vous êtes le plus attachés, qui vous rappellent des souvenirs, pour qu’il y ait un lien entre vous.
À la fin du processus (ça prend parfois plusieurs semaines !) vous aurez gagné de l’espace chez vous (!), vous aurez une conscience précise de tout ce qui vous entoure et vous aurez atteint un certain apaisement. Personne ne recherche le vide absolu, mais être entouré par moins d’objets inutiles accentue le sentiment de bonheur. À vous de le tester maintenant ;-)
Côté tendances, que préconises-tu à nos lecteurs pour que leur intérieur s’enivre de douceur cet hiver ? Petits objets, accessoires, matières, couleurs…
À l’approche des saisons froides, les conseils cocooning fleurissent, mais les tendances de chaque année leur donnent un caractère nouveau. Cette année les plaids tricotés main laissent la place aux tartans d’inspiration écossaise, les velours prennent le dessus pour les fauteuils et canapés, le bois s’assombrit laissant la place au noyer, les murs choisissent des couleurs profondes (les verts « forêt », les bleus « pétrole », les noirs). On ajoute une touche précieuse avec les luminaire en verre, le laiton, le décor ajouré du cannage. Et on donne une touche chaleureuse avec les roses et terre cuites sous toutes leurs formes.
La minute « très déco » d’Ilaria…
Quel est ton « must have » déco du moment ?
Un fauteuil en cannage, un miroir à la forme arrondie (le Stadium de Eno Studio par exemple), un papier peint panoramique avec un sujet végétal, un tapis aux dessins indigènes … il n’en fallait qu’un ?!?:)
Un lieu déco incontournable selon toi ?
Un lieu « incontournable » pour changer notre façon de consommer la déco, c’est Maison Godillot. Une boutique extraordinaire dans le centre historique de Hyères qui propose des objets du quotidien, utiles, destinés à durer. Des produits d’artisans, d’ici et d’ailleurs. Leur choix sont exquis, leur communication sur instagram épurée et de qualité.
Un site internet déco incontournable ?
Goodmoods ! C’est mon site déco préféré. Ce n’est pas un site marchand (minimalisme oblige ;-) … il recense les dernières tendances en terme de design et de déco, avec de belles découvertes d’intérieurs hors du commun. Une bouffée d’air !
Ton dernier coup de cœur déco ? (Créateur, objet, etc.)
Les tapis aux dessins indigènes … plusieurs créateurs signent ces produits qui prennent la relève après la vague de tapis berbères style Beni Ourain des dernières années. Sur une base neutre, des dessins graphiques colorés, qui créent des formes anthropomorphes ou tout simplement graphiques. On retrouve des influences des dessins des céramiques de Picasso, d’artisanat mexicain. J’adore, j’en rêve pour chez nous !
Sources photo tapis tribal : M.A
Auteur : Claire Pélissier
Date de publication : 24 octobre 2018
Date de la dernière mise à jour : 12 mai 2022