Ricardo Bofill fête son 80e anniversaire le 5 décembre. L’occasion de plonger dans les créations emblématiques de cet architecte catalan qui a su redéfinir les espaces de vies dans les paysages urbains et sur les bords de mer.
Amoureux de la grande échelle, de la théâtralité et de la démesure, Ricardo Bofill a su imposer sa vision futuriste de l’architecture sociale, qui a défini son style si singulier et radical. Son atelier, le Taller de Arquitectura (RBTA), constitue depuis plus de cinquante ans un vivier de talents, d’inventivité et de rébellion créative. Ce prodige catalan est l’un des chefs de file du postmodernisme, puisant son inspiration dans l’architecture du passé entre art baroque italien, Grèce antique et Empire Romain. S’imposent à nos yeux colonnes, frontons, pierres de taille et bow-windows. Ses oeuvres phares sont comme des manifestes qui défient les idées reçues, marquant l’émergence des Villes Nouvelles dans les années 80. Bofill a fait paraître plus tôt cette année une monographie, Visions of Architecture, qui recense sa vision utopique de la vie urbaine, son style néoclassique, ses matériaux de prédilection (verre et acier) et ses monuments postmodernes souvent sujets à controverse. Une carrière brillante, qui s’inspire du cinéma, de l’art, de la littérature de science-fiction, et fait fi des règles en mixant espaces partagés, modes de vie alternatifs et catégories sociales.
Xanadú (Alicante, Espagne, 1971)
Son nom renvoie à celui de la résidence du personnage mythique dans Citizen Kane d’Orson Welles. Cet ensemble de 18 résidences d’été, avec son toit en terracotta, ce vert bouteille et ses fenêtres arquées, est un prototype d’une ville-jardin, situé en bord de mer de la ville portuaire de la Costa Blanca. Sur la base d’un château, il a pris une forme inspirée du rocher d’Ifach qui lui fait face.
La Fábrica (Saint Just Devern, Espagne, 1973)
Tout en béton et de formes cylindriques, ce paradis sur Terre près de Barcelone est la fois sa résidence privée et son agence interdisciplinaire, composée d’architectes, ingénieurs, sociologues, écrivains, cinéastes et philosophes. Il a su redonner vie à une ancienne cimenterie abandonnée des années 20, en conservant sa structure pour en faire un complexe à la végétation luxuriante.
La Muralla Roja (Calp, Espagne, 1973)
Cet ensemble de 50 appartements au ton rose, violet, bleu ciel et indigo prend ses sources dans l’architecture de la Méditerranée d’Afrique du Nord. « Le mur rouge » réinterprète la tradition des kasbahs, plongé dans le paysage de la Costa Blanca. L’aspect labyrinthique et géométrique renvoie à l’esthétique constructiviste et forme un ensemble de patios interconnectés entre les appartements. Sur le toit, des terrasses avec solarium, piscine et sauna.
Family House (Montràs, Espagne, 1973)
Nichée dans la campagne catalane, près de la Costa Brava, cette résidence d’été a été conçue pour les proches de Ricardo Bofill. La bâtisse se compose de plusieurs pavillons recouverts de briques brunes, avec en son centre une piscine aux carreaux rouges. Une théâtralité renforcée par la couleur des cyprès, avec un obélisque en briques roses qui sert de contrepoint aux arbres.
Les Espaces d’Abraxas (Noisy-Le-Grand, Marne-La-Vallée, France, 1982)
En béton préfabriqué, cet ensemble de trois bâtiments en banlieue parisienne s’érige en cité futuriste, avec ses colonnes et ses frontons au style gréco-romain. Pas étonnant qu’il ait servi de décor de tournage pour Brazil, Hunger Games ou encore Comme un ouragan de Stéphanie de Monaco. Bofill donne ici sa réponse à une architecture de masse, celle des HLM dénués d’identité. Le Palacio est un édifice massif de 18 étages, le Théâtre évoque un agora par sa forme circulaire ; ces deux structures, qui se rejoignent, forment l’Arc.
Photos : ©RBTA
Texte : Nathalie Dassa
Auteur : Nathalie Dassa
Date de publication : 4 novembre 2019
Date de la dernière mise à jour : 12 août 2024